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17 septembre 2008 3 17 /09 /septembre /2008 09:38
 « La grossesse est un moment privilégié dans la vie d’une femme » est inscrit dans un coin de mon carnet de santé. Cette assertion loin de me réjouir en ces moments où nausée, vomissements et diverses sortes de malaises m’assaillent, je me mets même à douter sérieusement de ce fait. Et toutes ces journées passées pliée en deux sur le bord de la cuvette en train de dégueuler tout ce qui a eu l’audace une minute avant, de franchir la frontière de mes lèvres : eau, sirop, cachet, nourriture, tout y passait sans pitié et ma seule peur en ces moments était de ne pas voir sortir mes propres viscères par ma bouche. « C’est normal proclamait mon mari, ton taux d’hormone HCG est en ce moment très élevé, ce qui cause plusieurs troubles dans ton organisme ! ».S’il pouvait savoir combien je me foutais de ces sigles médicaux dont ils se servaient pour nommer les hormones et que j’en avais marre qu’il me transperce les veines à tout bout de champ pour des analyses ne sachant ce qu’il cherchait à découvrir  dans son microscope parlant de numérotation et de plaquettes…
Je pensais souvent à ma grande amie Christine, ivoirienne qui me raconta un jour cette petite anecdote : « Dans son village, une femme passait très difficilement ses couches, mais son tyran de mari décida qu’elle devrait lui faire sept enfants ; à la quatrième grossesse, elle trouva une vieille dame qui lui fit boire quelque chose et voilà ce qui se passa : du début jusqu’à la fin de la grossesse, son mari fût alité et ressentait à sa place tous les malaises de la grossesse ; au moment de l’accouchement, il eu de fortes contractions jusqu’à la délivrance de sa femme. Depuis, il interdit à sa femme de tomber à nouveau enceinte ! ». Je priais pour rencontrer cette bonne femme et lui voler son secret, juste l’instant d’une journée afin que ce cher mari comprenne ce que je vivais une heure, une journée, toute une nuit afin de comprendre et de

se prendre ne serait-ce en compassion pour ma pauvre personne. A la tombée de la nuit, je faisais une stupide prière suppliant Dieu de délivrer une pauvre femme qui n’a eu que  la généreuse idée de donner la vie et invoquais différents anges de me garder des malaises. Et bien, pieuse catholique, je ne pouvais que me remettre à d’aussi piètres prières.

Zut ! Je ne sais pas si je vous l’ai déjà annoncé ! Certains le savent peut être déjà parmi vous, j’attends mon second bébé ! Au bout de cinq années, même si j’ai le chic de faire avaler des couleuvres à mon mari, je n’ai plus voulu abusé de sa générosité ! Surtout, sorti de nulle part, l’instinct maternel que je n’avais hélas pas trop développé avec l’arrivée de mon premier enfant se faisait ressentir plus fort en moi ! Je décidai donc de me lancer à nouveau dans l’expérience de la maternité ! « S’il faut le faire, autant mieux en finir » à été la phrase que je me suis tant et tant répétée afin de me décider à recommencer à nouveau !

Contrairement à d’autres femmes, la première expérience que j’avais fait m’avait laissé un goût très amer car ayant été constamment malade, ma grossesse a été vécue aussi bien par moi que mes proches comme un véritable moment d’angoisse et de stress ! J’avais peur de beaucoup de choses : d’une part, d’abîmer ma si belle silhouette et de ne pouvoir retrouver ma ligne, d’être trop jeune, d’être une mauvaise mère car n’ayant aucun instinct maternel (je suis

une vraie sauvage qui se ressent dans la rigueur avec laquelle j’élève ma fille !), de ne pouvoir concilier le rôle d’épouse et de mère, j’avais peur d’être « classée » !

Etre allé à l’épreuve de la maternité avec autant d’appréhensions et d’angoisses ne donne guère le courage de reprendre de si tôt, ce qui excuse largement les cinq années entre les deux grossesses.

Une grossesse, on sait toujours comment on l’a fait, mais on ne peut jamais prévoir comment cela allait se terminer surtout que nous sommes africains, plusieurs hypothèses ne sont pas à proscrire ; ce moment est un moment cible pour atteindre la femme et les gens n’hésitent pas à abuser de ce moment faible pour nuire ; et le pire, c’est qu’on n’attend jamais l’ennemi du côté d’où il surgit : ton propre frère, ta propre mère, ta belle-mère, ta sœur, ta tante, ta marraine, ta meilleure amie, ta coépouse, ton ou ta collègue de bureau, ton patron, la voisine de pallier, la vendeuse du pain du quartier, la maîtresse de ton mari, bref tout le monde est susceptible d’entraver cette grossesse ou de rendre son issu malheureux ! C’est certainement la raison pour laquelle plusieurs femmes préfèrent laisser découvrir leur ventre, fait annonciateur d’une évidente grossesse que de l’annoncer malgré la joie que l’on ressent au constat de ce fait ! C’est malheureux mais c’est cela aussi l’Afrique !

Mais moi avec mes idées avant-gardistes, j’ai préféré l’annoncer sitôt sue à mes amis, parents et collègues ; les gens ont trouvé cela fou et risqué mais comment expliquer les signes si évidents d’une grossesse qui se voient en moi sinon vouloir faire passer les gens pour de véritables cons ?

Maintenant que je me suis mise à l’épreuve, ces moments de malaises presque passés et la santé à moitié recouvrée, je me dis regardons quand même la côté positif des choses : j’aurais un deuxième enfant, un garçon sans doute comme l’a prédit ma fille, j’aurais un sérieux argument avec deux gosses de sexes différents et le contexte économique actuel pour ne plus parler de maternité ; pour la deuxième fois de ma vie et sans doute la dernière, j’allais passer le cap de mes fameux 52 kilogrammes légendaires et passer peut-être même à 60 voire 61 kilogrammes ! Car qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il y ait disette ou abondance, que la manne tombe à mes pieds, je ne montais jamais au-delà de 52 kilogrammes, c’est fou mais c’est moi !

J’essaie donc de positiver et de me créer sinon d’essayer de me remémorer les rares moments de bonheur de ma première grossesse en les projetant de manière amplifiée sur cette nouvelle grossesse ! Je me souhaite plein de bonheur et quand les moments durs viennent, je me dis que cela valait le coût puisque j’allais mettre au monde un futur président de la république, un futur magnat des finances bref, une future personnalité dont j’aurais la fierté et le mérité d’être la maman.

Quand j’avais quinze ans, en pleine puberté, alors que mon goût pour le dévêtu était à son paroxysme, je rencontrai Henry, aujourd’hui célèbre photographe qui tomba fou amoureux de mon ventre ultra plat qui avait quand même quelques bourrelets sur les deux côtés et décida d’en faire un sujet d’exposition. Cent quatre vingt seize photos sous différents angles furent prises de mon ventre dont les cinquante meilleures furent l’objet d’une exposition très applaudie dans une galerie à Dakar au Sénégal.

Aujourd’hui, plus de dix ans après ce succès dont j’étais l’instigatrice, j’ai envie de rappeler ce photographe quand mon ventre serait bien arrondi et de me prêter une fois encore à son objectif ! Ce serait vraiment défier nos tabous africains qui défendent entre autres qu’une femme enceinte dévoile son ventre nu, qu’elle s’expose en photo et autres ! Balivernes !

Loin de moi cauchemars, souffrances, injustices sociales et que vivement, la joie que connaissent certaines femmes à cette étape de leur vie m’habite jusqu’au tréfonds de ma personne.

Consciente que des milliers d’autres femmes aimeraient souffrir juste pour avoir un enfant car aucun espoir d’en avoir ne pond à l’horizon, consciente que plusieurs autres souffrent dix fois plus que moi mais osent faire quand même plusieurs maternités pour l’amour des enfants, consciente que c’est une grande grâce qui vient de m’être accordée, je dédie cet article à toute femme qui le lira : femme fille, femme mère, femme génitrice, femme stérile, en tout cas à toutes les personnes ayant fait l’expérience de la maternité, à celles qui désirent le faire, à celles qui ne connaîtront jamais cette grâce. Je le dédie également aux hommes, futurs pères, pères,  valeureux mâles qui aiment leur femme malgré leur stérilité et qui l’accepte et surtout à toutes les personnes qui aiment et chérissent les femmes à cette étape de leur vie! Je n’oublie pas un coup d’œil à mes fidèles admirateurs (trices) qui restent aussi fous de moi, quelque soit mon état et dont l’admiration me rehausse dans ma propre estime.

Je vous donnerai de mes nouvelles après ma séance avec mon grand ami photographe, dont je mettrai gracieusement quelques œuvres à votre disposition.

 

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