Il était une fois un petit garçon qui s’appelle Boni. Un jour, son papa voulait l’emmener chez le coiffeur mais il refusa d’y aller car il jouait avec ses amis. Alors, son papa emmena tous ses frères se coiffer sans lui. A leur retour, qu’ils étaient bien coiffés et que le lendemain à la fête, il serait le seul qui ne le sera pas. Il décida d’aller donc se coiffer ; mais il était trop tard. Le coiffeur de son papa était parti ; il alla alors chez un autre coiffeur et lui confia sa tête à coiffer ; ce dernier le coiffa très mal. Rentré chez lui, il demanda à son papa :
- papa, ma coiffure est-elle jolie ?
- pas du tout lui répondit son papa. Il alla vers sa maman :
- maman, ma coiffure est-elle jolie ?
- pas du tout mon fils.
Il demanda successivement à ses frères, à ses sœurs, à ses cousins et cousines, à son grand-papa, à sa grand-maman et tous lui confirmèrent que sa coiffure n’était pas jolie. Il retourna alors chez le coiffeur et se mit à chanter ainsi :
« Coiffeur, coiffeur, rends moi mes cheveux,
Coiffeur, coiffeur, rends moi mes cheveux,
Mes cheveux que tu m’as si mal coiffés me viennent de mon père, de ma mère, qui eux l’ont reçu de leurs parents qui l’ont hérité de mes aïeux, qui l’ont eu de mes ancêtres. »
Il chanta encore et encore ce refrain au coiffeur. Le coiffeur lui expliqua qu’il ne pouvait lui remplacer ses cheveux et qu’il devrait patienter un moment pour qu’ils repoussent et pour le calmer, il lui offrit une très belle canne.
Il prit donc la canne et s’en alla. Chemin faisant, il croisa sur son chemin un grand arbre, chargé de fruit qui s’appelle Kôh. Voulant cueillir les fruits, il lança sa canne et celle-ci resta accrochée à l’une des branches de l’arbre. Il tenta en vain de faire tomber la canne sans y parvenir. Découragé, il s’assit au pied de l’arbre et se mit à pleurer en chantant ce refrain :
« Kôh, Kôh, rends moi ma canne,
Kôh, Kôh, rends moi ma canne,
Cette canne me vient du coiffeur qui m’a prit mes cheveux
Mes cheveux me viennent de mon père, de ma mère, qui eux l’ont reçu de leurs parents qui l’ont hérité de mes aïeux, qui l’ont eu de mes ancêtres. »
Il chanta longtemps ce refrain jusqu’à ce qu’un oiseau descende d’une branche de l’arbre et vienne se poser sur ses épaules. Il se leva et reprit son chemin avec son oiseau, reçu en échange de la canne.
Au bout du chemin, il vit la mer qu’on appelle Issa très médusé, Boni lui dit :
- chère Issa, peux-tu veiller un instant sur mon oiseau le temps que j’aille me baigner ?
Il déposa l’oiseau sur la plage et partit se baigner ; à son retour, il se rendit compte que l’oiseau s’était envolé. Enervé, il s’assit sur la plage et se mit à chanter à Issa la mer :
« Issa, Issa, rends moi mon oiseau,
Issa, Issa, rends moi mon oiseau,
L’oiseau me vient de Kôh l’arbre qui m’a prit ma canne,
La canne me provient du coiffeur qui m’a prit mes cheveux,
Mes cheveux me viennent de mon père, de ma mère, qui eux l’ont reçu de leurs parents qui
L’ont hérité de mes aïeux, qui l’ont eu de mes ancêtres. »
Il chanta plusieurs fois ce refrain jusqu’à ce que Issa la mer décide de lui offrir un gros poisson pour remplacer l’oiseau envolé. Il repartit avec son poisson et après quelques heures de marche, il vit des enfants qui jouaient avec de la braise. Il leur dit :
- bonjour chers amis ; puis-je vous confier mon poisson le temps d’aller faire une petite promenade ?
Les enfants acceptèrent de bonne grâce. A son départ, ils firent cuire le poisson et le mangèrent entièrement. Quand Boni revint, il se rendit compte que son poisson avait disparu. Les enfants lui expliquèrent qu’un chat était passé le voler à leur insu. Triste, il s’assit à leur côté et se mit à leur dire :
« Chers amis, chers amis, rendez-moi mon poisson,
Chers amis, chers amis, rendez-moi mon poisson,
Ce poisson, je l’ai eu de Issa la mer qui m’a prit mon oiseau
L’oiseau me vient de Kôh l’arbre qui m’a prit ma canne,
La canne me provient du coiffeur qui m’a prit mes cheveux,
Mes cheveux me viennent de mon père, de ma mère, qui eux l’ont reçu de leurs parents qui
L’ont hérité de mes aïeux, qui l’ont eu de mes ancêtres. »
Il répéta encore et encore ce refrain jusqu’à ce que les enfants, lassés de l’entendre, lui offrent une houe pour réparer leur faute. Il prit la houe et s’en alla de son côté. Dans un champ, il vit un homme sarclait la terre avec un vieux bol émaillé. Il lui dit :
- vieux père, que faites-vous là ? vous vous donner beaucoup de peine ; tenez, je vous prête ma houe le temps d’une promenade ; à mon retour, je le reprendrai.
Quand il partit se promener, le vieil homme se rendit compte que la houe sarclait beaucoup plus facilement et qu’il avançait considérablement dans son travail. Il décida alors de la cacher parmi les mauvaises herbes et quand Boni revint, il lui dit qu’elle s’était brisée et qu’il a dû la jeter. Tout malheureux d’avoir une fois encore perdu son bien, Boni s’assit sur une botte de terre et se mit à chanter au vieil homme :
« Vieux père, vieux père, rends moi ma houe,
Vieux père, vieux père, rends moi ma houe,
Cette houe m’a été donné par des enfants qui m’on pris mon poisson,
Ce poisson, je l’ai eu de Issa la mer qui m’a prit mon oiseau
L’oiseau me vient de Kôh l’arbre qui m’a prit ma canne,
La canne me provient du coiffeur qui m’a prit mes cheveux,
Mes cheveux me viennent de mon père, de ma mère, qui eux l’ont reçu de leurs parents qui
L’ont hérité de mes aïeux, qui l’ont eu de mes ancêtres. »
Il chanta encore et encore ce refrain et quand le vieux se fatigua de lui, il lui donna en compensation de la houe, un peu de mil.
Il accepta le mil et partit le long du chemin ; quelques pâtés de maisons plus loin, il vit une jeune maman qui donnait à manger au bébé ; la bouillie de cette dernière était faite à base de cendre délayée. Pris de pitié pour le pauvre enfant, il dit à la dame :
- petite mère, que donnes-tu là à cette chère enfant ? Tiens un peu de mil et fais en une bouillie à ce bébé ; il reprendra plus de forme ; je te laisse mon colis de mil le temps d’une petite promenade. Elle prit le mil et en fit une bouillie au bébé. A son retour, il réalisa qu’elle avait utilisé tout le mil. Très fâché, il reprit sa chanson :
« Petite mère, petite mère, rends moi mon mil,
Petite mère, petite mère, rends moi mon mil,
Ce mil m’a été donné par le vieux père qui m’a brisé ma houe,
Cette houe m’a été donné par des enfants qui m’on pris mon poisson,
Ce poisson, je l’ai eu de Issa la mer qui m’a prit mon oiseau
L’oiseau me vient de Kôh l’arbre qui m’a prit ma canne,
La canne me provient du coiffeur qui m’a prit mes cheveux,
Mes cheveux me viennent de mon père, de ma mère, qui eux l’ont reçu de leurs parents qui
L’ont hérité de mes aïeux, qui l’ont eu de mes ancêtres. »
Il reprit plusieurs fois cette chanson jusqu’à ce que la jeune maman lui offre du beurre de karité. Plus loin, il vit Fâh le rocher.
- Fâh, peux tu me garder mon beurre de karité le temps que j’aille voir de la famille à coté ?
Il déposa son beurre de karité sur le rocher et partit. Le soleil était alors au zénith et dardait ses rayons sur la terre. Le beurre de karité se ramollit et se dissout complètement au soleil. Quand Boni constata à son retour qu’il y avait plus de beurre de karité, il dit alors au rocher :
« Fâh, Fâh, rends moi mon beurre de karité,
Fâh, Fâh, rends moi mon beurre de karité,
Ce beurre m’a été donné par la jeune maman qui m’a prit mon mil,
Ce mil m’a été donné par le vieux père qui m’a brisé ma houe,
Cette houe m’a été donné par des enfants qui m’on pris mon poisson,
Ce poisson, je l’ai eu de Issa la mer qui m’a prit mon oiseau
L’oiseau me vient de Kôh l’arbre qui m’a prit ma canne,
La canne me provient du coiffeur qui m’a prit mes cheveux,
Mes cheveux me viennent de mon père, de ma mère, qui eux l’ont reçu de leurs parents qui
L’ont hérité de mes aïeux, qui l’ont eu de mes ancêtres. »
Il reprit, reprit cette même chanson sans rien avoir en retour du rocher ;
Enervé, il alla chercher un fouet et frappa de toutes ses forces le rocher mais n’obtient rien en retour. Fatigué, il s’en alla chez lui raconter ses mésaventures à ses parents.
Son papa lui répondit :
« Mon fils, si tu étais venu immédiatement te coiffer quand je te l’avais demandé, tu n’aurais pas eu tous ces malheurs. »
Il faut toujours obéir à ses parents.