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15 juin 2007 5 15 /06 /juin /2007 13:45
Le soir, après le dîner, Ken m’invita à venir avec lui sur la terrasse.
-          Ma chérie, je commence déjà par m’excuser de mon comportement d’hier soir ; nous nous sommes jurés de ne pas dormir un seul jour fâchés et je vois que nous sommes en passe de ne pas respecter ce serment.
-          Je m’excuse également Ken, j’avoue que je n’ai pas facilité les choses !
-          Ce n’est pas grave ma chérie ; seulement, j’aimerais te dire que j’ai beaucoup pensé à notre discussion d’hier soir ; pour une fois encore, je n’ai pensé qu’à moi. Je t’ai promis de ne jamais te faire pleurer, de ne jamais te rendre malheureuse.
-          J’ai été aussi égoïste Ken,
-          Peut être mais je t’ai promis que j’attendrai le temps qu’il faut pour que tu te réalises. Je désires un enfant mais je ne voudrais pas que tu te sentes forcée à le faire ; que tu considères la grossesse comme une corvée, je ne le supporterais pas et si le bébé n’est pas conjointement désiré par toi, tu ne l’aimeras pas et il en souffrira ; je préfère que cela vienne spontanément de toi. Tu n’es pas prête alors nous allons attendre ; après tout, tu es si jeune et je ne veux pas manquer à ma parole envers tes parents ; ton papa aussi rêve d’avoir un enfant notaire et il me l’a si souvent rappelé !
J’étais béate de surprise.
-          Oh non, c’est pas vrai ! je ne sais quoi dire !tu me surprends ; je suis confuse ! et toi comment vas-tu faire ?
-          J’attendrai ! l’essentiel pour moi est que tu retrouves le sourire. Tu étais si triste ce matin et je n’ai pu rien fait au bureau ; je m’en voulais de te mettre dans cet état là ! je m’en excuse encore une fois !
       Là, je ne tiens plus ; je me jetai dans ses bras. Il me serra désespérément dans ses bras comme s’il me perdait déjà et je fondis en larmes. Pour la première fois depuis que nous nous connaissons, je pu réellement évaluer l’étendue de son amour pour moi. Je ne savais qu’il était capable d’aller aussi loin dans le renoncement de ses rêves pour la réalisation du mien ; j’étais touchée au tréfonds de moi et aucun mot ne peut exprimer en ce moment la montagne de gratitude que je ressentais pour lui.
-          Ne pleure pas ma puce ; j’ai promis à tous de te rendre heureuse ; et j’essaierai de le faire au maximum
-          Merci, merci du fond du cœur ; tu es génial ! j’ai une extraordinaire chance de t’avoir épousé !
-          Je crois que c’est plutôt moi qui devrait pensé ainsi ; depuis que je te connais Nelly, tu illumines ma vie. Nous sommes déjà en fin juillet ; tu as le mois d’Août pour chercher une université et faire les démarches ; il faut que tu t’inscrives à la rentrée prochaine, il ne faudrait plus perdre du temps. Tu veux aller où ? en France, en Belgique, au Canada ? choisis et on avisera.
-          Et toi ? qu’est ce que tu vas devenir ? tu feras comment ? je vais devoir te laisser seul à Abidjan ? là, je commençai par paniquer.
-          T’inquiète ! on verra ; peut-être je viendrai avec toi ; depuis quelques temps, mes amis de faculté qui sont restés en France m’invitent à venir m’installer. Il faudra peut-être que je les relance ; ça dépendra de ce que tu aurais décidée. Te soucie pas de moi ; d’ici demain, il faudrait que tu te renseignes afin d’être dans le temps pour la rentrée prochaine qui devrait être dans deux mois ;
Tout se passa comme une flèche ; nous avions finalement retenu que j’irai en France et parmi la liste restreinte d’universités de formation notariale, celle de Strasbourg me convint pour cause de commodités. Ma rentrée était pour fin septembre et bien qu’il me restait seulement deux semaines, Ken ne s’était pas encore prononcé sur notre situation. Puis un soir, il me dit :
-          Je veux que tu es fin prête pour partir ; je suis désolée que tu n’aies pu faire un tour au Bénin avant ton départ.
-          Ce n’est pas grave ; mes parents me comprennent facilement ; et puis, je n’ai pas assez profité d’Abidjan ; il y a une ambiance spéciale ici qui me manquerait.
-          Si tu le dis ; j’ai beaucoup étudié ces derniers temps toutes les possibilités pour nous maintenir ensemble. Mais le mieux c’est que je reste à Abidjan.
-          Oh non ! comment ferions alors ?
-          Comme d’habitude ; entre deux avions ; tu sais que ces derniers temps, nous avions beaucoup dépensé, le mariage, les voyages, ton inscription, ton installation etc. Ce serait un peu difficile pour nous financièrement si je déménageais en ce moment, s’il faut s’installer ailleurs, s’il faut recommencer à zéro, trouver un boulot etc.
-          Tu me laisseras donc partir seule ? je m’en doutais ; tu aimes trop ton pays lui ai-je répondu.
-          Tu sais que je t’aime plus que tout et que je vis aussi très mal cette séparation ; mais c’est temporaire ; puis à Noël, je viendrai te voir ; nous irons à Venise chez mon cousin. Et puis tu n’ignores pas que papa se fait vieux et que de plus en plus, la gestion de ses affaires reposent sur moi.
-          Oui je n’en doute pas ;
-          Je suis rentré pour lui ; il compte beaucoup sur moi pour prendre la relève et je suis son seul garçon ; là, je n’ose pas lui dire que tu repars sinon, il aurait le cœur fendu ; il est si impatient d’avoir des petits-fils de moi.
Mon beau papa est l’un des plus grands planteurs de la Côte d’ivoire. Il possède plusieurs hectares de cultures et il embrasse un peu de tout : banane plantain, cacao, café, etc. Ses produits sont conditionnés et envoyés un peu partout dans le monde ; Ken qui est son seul garçon se charge de suivre les exportations et de gérer le flux de commerce à Abidjan ; son papa se fait de plus en plus vieux et au désespoir de voir son unique fils s’installer au village, il aimerait quand même le savoir en ville pour suivre le bon suivi des opérations.
-          Je sais que tu dois être déçue petite puce, mais je te demande très peu de choses ; partir serait magnifique mais cela brisera le cœur de mon pauvre père !
-          Je te comprends chéri ; tu fais déjà tant pour moi ; je te jure, je te promets ce que j’ai de plus cher que dans 3 ans, notaire ou pas, je rentre définitivement à tes côtés ; lui ai-je dit, tellement touchée par tant de sollicitude de sa part.
-          Je sais que tu es pleine de bonne intention ! heureusement ou malheureusement pour moi, je suis fou de toi et je crois que je t’ai à vie dans ma peau. Vas, tu as tout mon soutien ; et où que tu seras, quoique tu feras, sois rassurée que tu as quelqu’un ici qui t’aime plus que tout au monde.
Les aéroports sont devenus des endroits fidèles à notre couple ; Ken vint avec moi les premières semaines pour m’aider à m’installer, pour les démarches de la rentrée et surtout pour s’assurer que j’ai un bon cadre de vie ; la première année passa comme un flash ; j’avais tant et tant de choses à faire ; puis, ce fut un peu difficile au départ de s’acclimater. Le changement de continent, de milieu, d’habitude et surtout l’absence de Ken étaient très durs pour moi ; j’avais eu beaucoup de mal à m’en sortir et j’ai beaucoup déprimée ; mais je ne voulais pas paraître pour une gamine qui ne savait pas ce qu’elle voulais ; j’ai pris la décision d’aller continuer mes études et il fallait que j’assume ; et puis, il y a l’échéance des trois ans pour rentrer au pays ; je voulais tenir ma promesse envers Ken, je ne voulais pas qu’il regrette de m’être laissée partir ; je voulais finir en 3 ans et rentrer enfin mener ma vie de couple . Pendant les fêtes, impossible pour Ken de venir et adieu Venise et autres ; pendant les vacances, je devrais me faire agréer dans une étude pour les deux années de stages théoriques et pratiques. Impossible aussi donc d’aller à Abidjan et le passage d’une semaine de Ken s’était mal passé, tant j’étais stressée et énervée par tout. Ce n’est qu’au bout de la deuxième année que je pus rentrer à Abidjan. Ken a-t-il changé ? je ne crois pas ; juste que je le sens plus mûr et plus responsable ; c’est normal, à l’aube de ses 35 ans, il y avait de quoi ; mais il était toujours adorable, prêt à tout pour me rendre heureuse ; après deux années d’éloignement, de solitude, de stress, les retrouvailles furent intenses ; il fallait recharger nos bactéries, nous ressourcer, nous rassurer de nos sentiments ; je planais sur un nuage de bonheur ; j’étais tellement heureuse que j’avais commencé par avoir peur.
-          Qu’est ce qui la préoccupe donc dans sa petite tête ? me demanda Ken.
-          Tellement je suis heureuse que cela me fait peur ! je n’y crois pas !
-          A quoi donc pupuce ?
-          A mon bonheur ; au fait que tu m’aimes tant ; que tu sois si compréhensif avec moi, si doux, si attentionné ! j’ai peur que tout ceci ne soit qu’un rêve !
-          Arrête ! le fait que je t’aime n’est pas un fruit du hasard ! tu le mérites ma chérie ! tu trouves que je suis gentil avec toi, je crois que tu en es aussi pour beaucoup ; tu n’es pas difficile comme femme, tu me respectes, tu me comprends et tu as confiance en moi ; je n’ai pas d’autres choix que de me comporter ainsi.
Je repartis en septembre ; c’est la dernière année ; je vais juste terminer mon stage et soutenir ma thèse ; tout ceci doit être fini en octobre prochain au plus grand tard. Ken a déjà trouvé pour moi un stage entre temps de clerc chez Maître Kaboré Jean-Pierre, l’un des plus grand notaire d’Abidjan ; tout va donc dans le meilleur des mondes possibles. D’ici un an, j’aurais retrouvé mon mari, ma famille et fini ces longs mois l’un loin de l’autre. Mais j’étais à mille lieux de penser que mon bonheur va connaître bientôt un bouleversement terrible. Quelques semaines avant Pâques, Ken m’appela au téléphone un soir et me dit :
-          Ça va chérie ?
-          Ça peut aller ; je suis en plein dans ma thèse ; mais ç'aurait été tellement mieux si tu étais là !
-          Justement, qu’est-ce que tu dirais de venir passer la Pâque à Abidjan !
-          Euh ! j’ai tellement de choses à faire sinon, je ne pourrai pas rentrer comme convenu à la fin de l’année.
-          Essaie de t’arranger ; tu manques à ton petit mari ; juste pour une semaine.
-          D’accord ; j’essaierai de m’arranger. Et il raccrocha.
Mais j’avais eu une sensation bizarre ! C’était comme si il avait un ton suppliant ; ce n’est pas des habitudes de Ken de se comporter de cette manière ; lui, est plutôt posé et ne fait que me rappeler tout le temps à l’ordre.
Je m’arrangeais et partis à Abidjan le vendredi saint ; contrairement à ses habitudes, j’avais l’impression qu’il n’était pas content de me revoir ; son regard me fuyait et il n’a pas bavardé du tout, tout au long du trajet qui nous menait de l’aéroport à la maison.
Même cette nuit là que nous fîmes l’amour, j’avais senti comme une forme de détresse dans ses gestes ; il m’avait possédé  si fortement comme s’il avait peur de me perdre ; jamais je ne l’ai vu ainsi.
-          Mais qu’est ce qui se passe donc ? qu’est ce que tu as Ken ? quelque chose ne va pas ? tu sais que nous devions tout partager. Tu as des soucis ?
-          Tu ne me pardonneras jamais ! je sais que tu ne me pardonneras jamais ce que je viens de faire.
-          Quoi donc ? qu’est ce que tu m’as fait ? tu m’as trompé c’est ça ?
-          Oui ma chérie, je t’ai trompé, je suis désolé ! dit-il en voulant me prendre par le bras ! instinctivement, je le repoussai
-          Menteur ! tu m’as trahi ! tu m’as menti ! tu m’avais promis de ne jamais me tromper ! ça dure depuis combien de temps et c’est qui d’ailleurs cette garce ?
-          Calme toi ; ça n’a duré qu’une nuit ; j’étais à une fête, j’ai trop bu, j’ai perdu la tête, je me sentais seul…
-          Comment s’appelle-t-elle ? je veux savoir avec qui tu m’as humilié !
-          Marie-Laure, dit-il péniblement.
-          Marie-Laure ! comment peux-tu me faire ça ? j’ai toujours eu confiance en toi ! je t’ai toujours cru ; tu m’avais dit que c’était fini entre Marie-Laure et toi.
-          Si, c’est fini entre Marie-Laure et moi ; depuis, c’est la première fois que je l’ai revu depuis qu’elle était venue à notre mariage. J’ai dû avoir la nostalgie !
-          La nostalgie ! et pourquoi m’avoir supplié de rentrer ? tu joues à la comédie c’est ça ? tu as toujours joué à la comédie donc ! dis moi, avec combien de femmes m’as-tu déjà trompé ? combien de femmes se moquent en douce de cette pauvre Mme Kofi qui croit que son mari l’adore plus que tout ?
-          Calme toi ma chérie ; depuis que je te connais voilà six années et demi, c’est la première fois que je te trompe ; j’ai revu Marie-Laure de façon inopportune, nous avions discuté ensemble, nous avions bu un coup ensemble, j’ai dû trop boire et les choses se sont faits naturellement entre nous.
-          Naturellement ? je me suis toujours douté que tu n’as pas complètement oublié cette fille ; le fait que tu ne parles jamais d’elle, et plein d’autres choses encore que je ne trouve pas sympathiques du tout ! tu ne vaux finalement rien ! tu es un homme comme tous les autres ! je pleurais tellement j’avais mal. Alors il s’emporta !
-          Oui je suis un homme comme les autres ! j’ai des besoins à satisfaire, j’ai épousé une femme que j’aime depuis six ans mais qui se refuse de rester à mes côtés pour multiples raisons ; j’ai fauté et je m’en excuse mais tu as été la première personne à qui j’ai pensé quand j’ai appris que…
-          Appris quoi donc ? tu as le sida ?
-          Non, Marie-Laure attend un bébé de moi !
-          Quoi ! oh non ! je vais mourir ! tu n’as pas pu me faire ça non ! tu as dit que je serais la maman de tes enfants ! tu m’as promis la fidélité, tu as juré que je n’allais jamais souffrir par ta faute et maintenant, je n’ai qu’une seule envie, c’est de mourir ; pourquoi Marie-Laure ? pourquoi il faudrait que ce soit elle qui te fasse ton premier enfant ? tu as promis m’attendre ! tu l’as appris quand ?
-          La veille du jour où je t’ai demandé de rentrer ; je voulais que tu sois la première informée et par moi-même ! j’ai déjà discuté avec Marie-Laure ; elle sait qu’elle n’a rien à attendre de moi ; elle sait que je t’aime plus que tout et je lui ai dit que ta décision sur ce bébé serait la notre !
-          Ma décision ? qu’est ce que tu entends par là ?
-          La grossesse n’a que six semaines et il est encore temps de décider de quelque chose. Si tu ne veux pas qu’elle le fasse, je peux la convaincre d’avorter sinon, je veux que tu saches dès cet instant que je vais  avoir un enfant d’une autre femme, bien  que ce fût toi que j’aime plus que tout !
-          Tu es malin hein ! tu fais une bêtise et tu veux que je sois responsable de ce qui adviendra ! c’est raté ! je ne veux rien savoir ! tu es cruel sincèrement !
-          Je sais que tu dois souffrir beaucoup mais nous nous sommes jurés d’essayer de trouver à deux des solutions à tous nos soucis et c’est dans cette optique que je t’en parle ; ressaisis toi et discutons en personnes adultes.
-          Nous nous sommes jurés beaucoup de choses, entre autre, la fidélité mais tu ne l’as pas respecté alors ? que me demandes-tu ? Pour moi, c’est assez ; j’en ai eu ma tasse pour aujourd’hui ; tu me dégoûtes et j’ai vraiment plus envie de te voir. Je ne connais que toi ; je ne t’ai jamais trompé et je croyais que c’était réciproque.
-          Je suis désolée de t’avoir fait de la peine ma chérie !
-          Il fallait y penser avant !
Je prie mes effets de la chambre et m’installai dans la chambre voisine. Mon cœur était vide et pour moi, rien n’avait plus de sens ; Ken, je l’ai idéalisé  si bien que je ne comprends pas ce qui m’arrivait. Je croyais que nous nous aimions, que notre amour était plus fort que tout, plus fort que ce qui avait exister entre Marie-Laure et lui. Marie-Laure, c’est son ex-fiancée ; celle avec qui il avait rompu avec lui juste avant qu’il ne me rencontre. Kenneth est un homme discret et je n’ai jamais insisté pour savoir ce qui s’était passé entre eux ; mais ce que je pouvais retenir est qu’il avait beaucoup aimé cette fille car il ne parlait jamais mal d’elle et semblait avoir beaucoup souffert de leur séparation.
Le lendemain matin, ce fut très dur pour moi de me tirer de mon lit ; Ken était probablement déjà parti pour son jogging et je décidai d’appeler la compagnie de transport aérien de la sous région ; il y avait un vol pour 11h sur Cotonou et pour moi, c’était parfait ! sa Pâques, il allait la fêter seul, en compagnie de Marie-Laure ou toute autre personne de son choix ; moi, j’ai besoin de réfléchir au calme ; un retour au source était nécessaire pour savoir où j’en étais.
( A suivre...)
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commentaires

M
Belle histoire Tata L. A quand la suite......?<br /> Je brûle d'impatience de la lire.
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N
Lalouve!<br /> c'est une torture de ne pouvoir lire tout d'un coup. C'est insupportable, je veux la suite de l'histoire. Je suis restée en haleine, je n'en peux plus de ces suspens. Merci de le faire de suite
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